 | Le Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique (CBNSA) vient de livrer les résultats de son programme de suivi et d'évaluation de l'état de conservation des pelouses calcicoles sur les sites Natura 2000 de Poitou-Charentes. Verdict : les pelouses calcicoles du réseau Natura 2000 de la région seraient globalement en mauvais état de conservation. Cette étude répond aux exigences de la Directive Habitats qui impose aux Etats membres de réaliser une surveillance de l’état de conservation des habitats et des espèces listés dans cette directive. La DREAL Poitou-Charentes avait donc confié au CBNSA la mise en place d'un suivi des habitats de pelouses calcicoles pour les sites Natura 2000 de Poitou-Charentes dans le cadre d’un programme pluriannuel 2011-2013. |
Cette étude visait deux principaux objectifs : d'une part de mettre en place un état initial pour le suivi des végétations de pelouses calcicoles présentes au sein du réseau Natura 2000 de Poitou-Charentes, et d'autre part, de proposer une évaluation de l'état de conservation de ces pelouses.
Des indicateurs pertinents pour évaluer l'état de conservation
L'étude a permis de mettre en évidence des indicateurs permettant d’évaluer l’état de conservation des sites en fonction de deux paramètres : le niveau de fermeture et le niveau trophique (richesse du milieu en éléments nutritifs), en comparaison avec un état de référence prédéfini. Ces deux phénomènes, fermeture du milieu et dérive trophique, sont en effet les principaux facteurs d’érosion de la biodiversité des systèmes de pelouses calcicoles, selon les observations réalisées en Poitou-Charentes.
Les chaumes de Sèchebec : des pelouses dans un état de conservation jugé 'défavorable-inadéquat'
- Fermeture (état de conservation proposé) : défavorable - inadéquat
- Trophie (état de conservation proposé) : défavorable - inadéquat
D'après l'étude, les pelouses des chaumes de Sèchebec sont dans un état de conservation jugé 'défavorable - inadéquat'. Ces résultats rejoignent les conclusions apportées par le diagnostic écologique réalisé par la structure animatrice Natura 2000 en 2013 lors de la révision du DOCOB. Les actions prévues par le nouveau programme d'actions devraient permettre, si elles sont mises en oeuvre, de retrouver des pelouses en bon état.
Un constat global : des pelouses calcicoles en mauvais état de conservation
Si l'on tient compte du paramètre 'fermeture du milieu', la quasi-totalité des sites est proposée en état de conservation « défavorable - inadéquat » voire « mauvais ». Pour faire face à ce phénomène de fermeture, il est nécessaire de mettre en place une restauration puis d’une gestion par pâturage extensif. Notons que la fauche tardive ne suffit pas, dans la grande majorité des cas, à enrayer la fermeture par ourlification des pelouses calcicoles. Par ailleurs, dans tous les cas, la fauche ne permet pas le maintien des communautés d’annuelles présentes sur calcaires durs ou sables calcaires.
Par ailleurs, une dérive trophique s'observe sur une part importante des sites Natura 2000 de pelouses calcicoles. Cela se traduit par une banalisation de leur biodiversité. Les causes de ce phénomène sont diverses, mais on peut retenir trois grands principes en termes de gestion :
- exporter systématiquement les produits de coupe et éviter d’apporter de la matière sur les sites ;
- éviter toute atteinte à l’intégrité du substrat (que ce soit par tassement, remaniement, remblaiement…),
- prévoir des zones tampons entre les pelouses calcicoles et les parcelles en cultures arables.
Suite à une phase de restauration, une phase de gestion conservatoire doit se mettre en place, un pâturage extensif étant la seule méthode à même de préserver la biodiversité de ces habitats.
Références bibliographiques :
FY F., BISSOT R. (2014) Mise en place et évaluation de l’état de conservation des végétations de pelouses calcicoles sur les sites Natura 2000 de Poitou-Charentes. Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique : 43 p. + annexes.
TERRISSE J. (2013) DOCOB du site n°FR5400435 'chaumes de Sèchebec' : cartographie des habitats, état de conservation. 36 p.